Les Signes de l'Heure : eschatologie révolutionnaire et nation

La pensée alternative contemporaine, qui s’exprime principalement par le biais d’internet, offre un spectacle malheureux, mais qui doit être l’occasion de s’interroger sur les problématiques sous-jacentes à l’origine de ces discordes. Nous espérons que cette cacophonie sera donc l’opportunité d’opérer une réflexion profonde sur la définition d’une véritable action de résistance au Nouvel Ordre Mondial, par l’émergence du modèle véritable de Réhabilitation qui s’appuie, entre autres, sur le rôle de la nation. Aussi, nous tenterons avec cet article, si Dieu le veut, d’explorer ce thème en nous inspirant principalement de ce que disent les Textes.

 

Dieu au centre de tout, l’Homme conscience de l’univers

Pour débuter notre propos, nous commencerons par revenir au postulat selon lequel l’univers, dans sa globalité, est régi par des Lois immuables, garantes de l’harmonie du macrocosme et du microcosme. Le croyant voit à travers ces signes la transcendance Divine ainsi que la manifestation de l’Ordre de Dieu à l’origine de toutes choses, mais également le lien de corrélation qui anime chaque particule de la Création dans le tout. « Gloire à Celui qui détient en Sa main la Royauté de toute chose et vers Qui vous serez ramenés ! »[1] Cet Ordre Primordial qui structure les mondes et en assure l’équilibre nous renvoie à l’Unicité Divine – dans la mesure de ce qui nous a été permis d’en comprendre – et repose sur deux principes majeurs. Le premier est celui de la transcendance Divine à l’origine de toutes choses, dont la Vérité alimente toutes choses. Le second peut être défini par le lien d’interdépendance qui lie les individualités au monde temporel et à ses différentes dimensions. Ces dimensions peuvent être considérées comme autant d’unités, de cellules qui se composent dans la multiplicité ou la dualité.

 Dans cet ensemble, l’Homme est une créature à part. Lieutenant de Dieu sur Terre, il est chargé de préserver l’équilibre de l’univers en honorant la Vérité de Dieu dans tous les aspects de sa vie : « […] Je vais établir un lieutenant (خَلِيفَةً) sur la Terre […] »[2]. Chaque dimension de l’existence humaine contribue ainsi à la réverbération des Vérités fondamentales qui deviennent intelligibles et pleinement opératives dans la conscience des Hommes, en charge de maintenir la plénitude de cette réverbération.

 

La sagesse du papillon

La science des Lumières coranique va nous permettre d’appréhender plus en profondeur la nature de cette mission. C’est aussi pour nous l’occasion de partager une clé analytique importante qui est aussi une figure de géométrie sacrée décrivant le principe de l’harmonie : le papillon.

À l’inverse, l’étoile à six points est la clé pour comprendre les mécaniques de la dissonance et du verrouillage satanique :

Les circulations sont brisées. Le centre du papillon, à la fois socle et pivot, disparaît. Les polarités sont inversées : ce qui est en bas est placé en haut, et vice-versa. Les repères sont ainsi falsifiés et disparaissent. Nous reviendrons sur ces détails une prochaine fois, si Dieu le veut, pour nous concentrer pour le moment la mécanique du papillon, et la notion de Khalifa « خليفة » à l’aide des lumières coraniques :

La lumière du kha (خ) est le goût des lumières, le fait de maintenir tout en améliorant, en perpétuant, en allant vers ce qui est toujours plus véritable, toujours meilleur.

La lumière du lam (ل) est celle de la science, car celle-ci accompagne cette envie de meilleur par l’émergence d’outils et de sagesses qui permettront à l’humanité de parvenir à cet objectif.

La lumière du ya (ي), par son positionnement dans le papillon, est le socle, le pivot et le cœur de cet ensemble lumineux. Il s’agit de la crainte révérencielle envers Dieu, loué soit-Il, qui est un état de conscience et la modalité opératoire de la mission de l’Homme sur Terre.

La lumière du fa (ف) est celle de la mise en conformité, de la science dans sa dimension assimilée, à savoir pratiquée et transmise. Si le ya est le cœur, le fa est le poumon.

Quant au ta marbouta (ة) rappelons que dans la science des Lumières coranique cette lettre est à considérer comme un ha (ه). Il s’agit de l’aversion, de la répugnance, du dégoût de tout ce qui est contraire à la Vérité, à l’équilibre et à l’harmonie. Cette lumière, provenant du harf de la Contraction[3], est la structure qui préserve l’équilibre établi tout en étant un support permanent l’amélioration et l’excellence.

Cette clé géométrique n’a de vérité que si elle est accompagnée de cercles concentriques, chacun mettant en rotation, en mouvement, les Lumières représentées à l’intérieur du papillon. Nous proposons ici cette figure sous un format simplifié :

Chaque couleur représente une dimension spécifique de l’existence : le bleu pour la dimension individuelle, le rouge pour la dimension familiale, le vert pour la dimension collective, et le violet pour la dimension nationale. Il y a en réalité bien d’autres dimensions constitutives de la notion d’existence chez la créature de Dieu, mais par simplification, nous ne retiendrons pour le moment que ces quatre-là.

Les lecteurs les plus curieux seraient tentés de se demander pourquoi le papillon central touche le premier cercle, mais ne touche pas les autres. Nous allons donc préciser un point important quant à l’emploi de cette clé analytique qu’est le papillon : le papillon est le moteur qui initie et justifie le mouvement, tandis que le cercle est la dynamique en action. Mais les cercles sont en réalité liés les uns aux autres puisqu’ils constituent en fait, d’un point de vue structurel, une seule et même spirale, dans une logique de prolongement, et non un ensemble de cercles, comme cela semble paraitre ici. Dès lors que le sujet est observé non plus dans sa structure primordiale mais dans son dynamisme, alors la répartition en cercles concentriques devient plus pertinente, et rappelle que le centre de gravité de cette harmonie est le papillon central, faute de quoi la dynamique de cohésion est brisée et nouée :

Nous avons là un exemple de détournement et de falsification verrouillée. Nous reviendrons sur ces détails une prochaine fois, si Dieu le veut, mais notre intention est avant tout de rappeler à travers ces quelques lignes que tous les aspects de la vie dépendent les uns des autres, dans une articulation des différentes modalités de l’existence sous différentes dimensions, et à différents degrés. Le papillon central est donc en réalité une multitude de papillons superposés et confondus les uns dans les autres, qui justifient, dynamisent, et mettent en mouvement une spirale unique. C’est de cette manière que la vie de l’Homme doit être abordée et vécue, sans quoi le déséquilibre dans l’univers ne cessera de croître jusqu’au grand déséquilibre final. Et Dieu, loué soit-Il, précise : « c’est le Jour où les hommes seront comme des papillons éparpillés »[4]. Il devient alors aisé de comprendre en quoi cette clé analytique et initiatique du papillon est très utile en eschatologie révolutionnaire. Elle met en évidence, entre autres, la primauté du bien collectif, dans la voie de la Vérité, sur les aspirations individuelles, dans une structure hiérarchique :

Les cercles les plus larges, dont la surface est plus étendue, affichent un degré d’importance supérieur aux plus petits par une quantité plus volumineuse d’objets inhérents à leurs champs d’action, tout en respectant les mêmes dynamiques fondamentales.

 

Mission de l’Homme : peuple et nation

Dieu dit, loué soit-Il : « O vous, les Hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Nous vous avons constitués en peuples (شعوبا) et en tribus pour que vous vous connaissiez mutuellement. En vérité, le plus noble d’entre vous auprès de Dieu est celui qui l’emporte en piété. Dieu est omniscient, Il est instruit de tout. »[5] Peuple et tribu sont distingués l’un de l’autre. Cela indique que la question du peuple renvoie à la dimension collective supérieure, qui transcende la simple dimension ethnique ou culturelle dans une communauté de partage et de destin : la nation. Le Coran définit donc un mouvement naturel entre les notions de khalifa et celle de nation.

Le pivot central, axe de rotation par lequel tout passe, marque un passage du ya (ي) vers le waw (و), autrement dit, c’est la lucidité intérieure traduite en mouvement. La lumière du waw (و) est appelée « mort dans la vie ». Elle désigne ici le sacrifice d’une partie de soi pour le bien du peuple, ce qui est l’essence même de l’effort national. La lumière du shine (ش) désigne un savoir-vivre particulier : la capacité à pouvoir s’arrêter là où il faut, et quand il le faut. C’est un contrôle sur soi, le juste équilibre entre aspirations individuelles et bien collectif. L’individuel est au service du collectif, et le collectif préserve l’épanouissement individuel. Mais l’intérêt collectif cependant, et dans la voie du juste milieu, prime sur désirs individuels. La lumière du `ayn (ع) indique ici l’outil par lequel la nation opère son mouvement. C’est la lumière du pardon, de l’effacement, du renoncement, de la tolérance, du bon cœur, de la grâce et de l’indulgence. Ce mouvement, donc, est l’état d’esprit, le fondement des relations entre les composantes de la nation. La lumière du ba (ب), dont la définition générique est l’apaisement, décrit ici l’action à proprement parler du fait national : apporter la quiétude et la sérénité dans les foyers, dans les familles, qui sont la composante essentielle de la nation. Plus largement, il s’agit là de protéger le peuple contre les malveillances, qu’elles viennent de l’extérieur ou de l’intérieur. Enfin, la lumière du alif (ا), l’obéissance à l’Ordre et à la Loi de Dieu, décrit par le positionnement qu’elle occupe dans le papillon, est le cadre de vie de la nation : la loi. Celle-ci doit être source d’équilibre, d’équité et de justice. Elle doit aussi conduire le peuple à devenir meilleur de génération en génération. Il est donc indispensable que la loi du pays trouve son inspiration dans la Loi de Dieu, qui est la plus véritable et la plus juste de toutes, et que les valeurs religieuses soient au cœur de l’identité nationale.

Bien que sommaires, ces quelques indications sont autant de pistes que les amoureux de la Sagesse, qu’ils soient sociologues, historiens, spécialistes ou citoyens engagés, peuvent explorer dans leurs recherches. Elles montrent à quel point la Parole de Dieu est précise lorsqu’elle indique quelque chose. Et Dieu dit, loué soit-Il : « […] Nous n’avons rien négligé dans le Livre […] » [6] Le chercheur de Vérité est cependant tenu d’employer une méthode pertinente et autorisé s’il veut profiter au maximum de la Sagesse coranique. Nous en profitons donc pour énoncer quelques précisions, sous-entendues dans l’exposé ci-dessus, qui aideront le lecteur intéressé à comprendre la mécanique du papillon.

Chacune des cinq lettres est disposée selon un ordre précis dans le papillon, et chacun des cinq points du papillon se rapporte à une fonction particulière :

Nous invitons le lecteur, muni de ces nouvelles informations, à relire plus haut la description du mot khalifa par l’outil analytique du papillon.

 [La suite de cet article dans le numéro 1 de la revue Amê Horizon - Septembre 2016]



[1] Coran, Yâ-Sîn 36 : 83

[2] Coran, La Vache 2 : 30

[4] Coran, 101:4

[5] Coran, 49:13

[6] Coran, 6:38

6 Commentaire(s)

  • Anonyme
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    Anonyme

    Dimanche 23 avril 2017 à 11h34

    As salam aleykom
    Comment aider les jeunes notamment ceux qui sont issus de l'immigration de ne pas vivre ce sentiment de partage entre deux cultures et ayant pour conséquence fâcheuse d'un sentiment de perte d'identité ?

  • Anonyme
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    Anonyme

    Mardi 06 octobre 2015 à 20h24

    Autre question : l'étoile à six points (Etoile de David, Sceau de Salomon), clé pour comprendre la dissonance et le verrouillage satanique ?.
    J'y voyais la création à partir de l'Un et dans le triangle inverse l'individu et son Universalité; les 2 triangles se supperposant comme pour montrer un double mouvement, comme celui de l'Inspir et de l'Expir ou les deux faces de Janus, par exemple.

    C'est tout faux ?.

    • Rémy Savin
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      Rémy Savin

      Mercredi 07 octobre 2015 à 04h16

      As Salam alaykoum.

      L'étoile à six points remonte à la nuit des temps, et aux premières civilisations. Elle est présente dans différentes cultures, et chacun l'a interprétée ou réinterprétée à sa façon au fil des siècles, en fonction de considérations spirituelles ou religieuses.

      Pour faire simple, contrairement au cercle, au triangle, au pentagramme, et à la plupart des formules fondamentales en géométrie sacrée, l'étoile à six points nécessite de lever la plume pour la construire, ce qui donne un premier indice : il y a une lucidité supplémentaire à apporter dans le placement/positionnement/repositionnement de la pointe, et la construction ne se fait pas en fonction de la figure, ou pas uniquement, mais aussi en fonction du support.

      Elle indique un embourbement dans la matière, qui freine, qui paralyse, contrairement au papillon qui, lui, indique le mouvement, dont le point central, pivot s'il s'agit d'affaires temporelles, renvoie à l'extinction en Allâh, al fana. Le papillon permet de construire les deux triangles sans lever la plume.

      L'étoile à six branches indique un enracinement dans la matière qui voile le rapport au Divin, le point central est voilé, et la rotation ne s'opère sur un point fixe clairement défini mais en rapport au cercle qui entoure, donc le voile est double.

      Sans rentrer dans des considérations techniques, votre interprétation, selon nous, conserve une part de réalité s'il s'agit de décrire les critères de vigilance dans le cadre d'une lourde responsabilité dans la gestion des affaires temporelles, comme dans le verset « O David ! Nous avons fait de toi un lieutenant sur la terre : juge les hommes selon la vérité ; ne suis pas la passion car elle t'égarerait hors du chemin de Dieu. Ceux qui s'égarent hors du chemin de Dieu subiront un terrible châtiment pour avoir oublié le Jour du Décompte. » (sourate 38 verset 26). En dehors de ce cas particulier, son recours signale une anomalie à traiter, un enracinement anormal dans la matière, qui constitue un voile ou une épreuve bien spécifique, comme dans le verset « Nous avons vraiment éprouvé Salomon en plaçant sur son trône un corps [sans vie] ; après quoi il se repentit. » (sourate 38 verset 34). D'ailleurs, petite précision, pour nous autres musulmans, cette étoile renvoie plus à Sayyidina Sulayman qu'à Sayyidina Dawoud, paix soit sur eux. Pour bien comprendre la symbolique de cette figure géométrique, nous vous recommandons la lecture de la sourate Sad (38) et de vous pencher sur les histoires des prophètes Dawoud et Soulayman (David et Salomon), paix soit sur eux.

      De manière plus générale, s'il s'agit de voir en cette étoile la description des Vérité fondamentales structurelles, son emploi aboutit le plus souvent à des doctrines proches du gnosticisme ou de la kabbale, qui nous apparaissent comme étant une description falsifiée ou corrompue de la nature primordiale de l'Homme. Cependant, pour décrire des considérations temporaires, passagères, ou strictement temporelles, elle a un certain degré de pertinence.

      Le problème, c'est que de nos jours cette étoile est une référence technique et méthodologique employée pour définir les critères et les repères de notre monde actuel, afin de placer celui-ci sous tutelle du sionisme, de la finance internationale, du Nouvel Ordre Mondial, et in fine, pour préparer le royaume du Dajjal, comme par exemple dans les versets « Une partie des Gens du Livre auraient voulu vous égarer ; mais ils n'égarent qu'euxmêmes, et ils ne s'en rendent pas compte. O Gens du Livre ! Pourquoi reniez-vous les signes de Dieu alors que vous en êtes témoins ? O Gens du Livre ! Pourquoi habillez-vous la Vérité de faux-semblants, et pourquoi occultez-vous sciemment la Vérité ? » (sourate 3 versets ). C'est ce dont il est question dans notre article ci-dessus.

      Fraternellement.

      Salam.


  • fawzia
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    fawzia

    Mardi 06 octobre 2015 à 15h38

    Essalamu alaïkum,

    "Nul n'entre ici s'il n'est géomètre". Platon.

    Autres paroles attribuées à Platon :

    "Dieu fait toujours de la géométrie".

    Chers frères, que signifient les lettres de la 7ème figure : chin, aïn, waw, ba, alif ?. On pourrait croire qu'elles sont placées là arbitrairement.

    • Rémy Savin
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      Rémy Savin

      Mercredi 07 octobre 2015 à 04h22

      As Salam alaykoum.

      Chère soeur,

      Il me semble que des explications à propos des lettres que vous mentionnez figurent dans l'article, mais peut-être ai-je mal compris votre question.

      Quant à leurs positionnements, ils ne sont effectivement pas dus au hasard, et respectent les positionnements expliqués plus bas avec la figure en forme de Z inversé, sur lequel les lettres viennent se placer en fonction de leur ordre d'arrivée dans le mot, par lecture de gauche à droite.

      Fraternellement.

      Salam.

    • fawzia
      Répondre 

      fawzia

      Mercredi 07 octobre 2015 à 11h08

      Ah ! merci. Le mot est donc "chu'ub" "peuples".

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